07/02/2023

ARTICLE GENERAL BERTRAND de la CHESNAIS Valeurs actuelles

“L’influence de la France dans le monde passe par la crédibilité de son armée” Pour le Général (2S) Bertrand de la Chesnais, directeur de la campagne présidentielle d'Éric Zemmour, les 413 milliards d'euros promis par Emmanuel Macron dans le cadre de la loi de programmation militaire sont un trompe-l'oeil. Le 20 janvier 2023, le Président de la République Emmanuel Macron a présenté la loi de programmation militaire, qui détermine l’effort consenti par la Nation afin de renforcer sa politique défense sur les sept prochaines années. Dans un contexte de profonds bouleversements géopolitiques, de l’émergence de l’Asie à l’instabilité accrue de l’Afrique, de l’affirmation guerrière de la Russie à l’interventionnisme proactif de son allié américain, la France est à la croisée des chemins. Que penser, alors, des 413 milliards d’euros promis par Emmanuel Macron pour nos armées pour les sept années à venir ? Reconquête !, par la voix de son Président Éric Zemmour, est vigoureusement intervenu pendant la campagne présidentielle sur ce sujet essentiel pour l’avenir de la Nation. Le 20 février 2022, ce dernier considérait, prenant en compte les besoins des trois armées et notre situation économique, qu’il faudrait y consacrer au moins 490 milliards sur la période… Or, c’était avant les nouveaux records d’inflation que nous avons connus depuis lors. La différence est de plus de 20 % ! De toute évidence, l’effort promis n’est pas suffisant, pour quatre raisons fondamentales : notre sécurité, menacée par le réveil des Etats-puissances ; nos équipements, usés par trois décennies d’engagements ; nos effectifs très insuffisants, minés par les réorganisations successives ; notre place et notre influence dans le monde, qui dépendent de notre capacité à protéger nos intérêts. La France doit défendre sa place de 7e économie mondiale, ses ressortissants, ses approvisionnements, ses outre-mers, ses espaces numériques, aériens et marins. Notre sécurité. Alors que la guerre est sur notre continent, la France, première armée de l’Union européenne depuis le Brexit, fait l’examen de ses capacités. Les menaces s’accumulent, du djihadisme islamique jusque sur notre territoire aux risques de guerres inter-étatiques. La question de la défense nationale est devenue cruciale mais sommes-nous en mesure de faire face en cas de conflit ouvert ? La dissuasion, ultime assurance vie de notre pays, a un besoin urgent de modernisation. La France doit défendre sa place de 7e économie mondiale, ses ressortissants, ses approvisionnements, ses outre-mers, ses espaces numériques, aériens et marins. L’actualité vient tous les jours heurter les rêveries des pacifistes. Elle appelle un réveil et un réinvestissement de défense, non pas à paliers prudents mais à marches résolues. Nos équipements. Rappelons que nous sortons de près de 30 ans de disette budgétaire, de fermetures d’unités, de désarmements de navires, d’externalisation de nos approvisionnements et de notre soutien. Simultanément, l’armée française s’est engagée dans un grand nombre d’opérations extérieures dans les Balkans, en Asie centrale et en Afrique. Nos équipements sont échantillonnaires, et dans bien des domaines de petits pays sont mieux équipés que la France. Pourtant, nous n’hésitons pas à envoyer des armements aux Ukrainiens. Après les canons Caesar, il est désormais question de donner des chars Leclerc, alors même que nous en possédons si peu et dont le coût unitaire se compte en dizaines de millions. Notre industrie de défense saura-t-elle faire face à la demande pour combler ces dons ? Pourra-t-elle augmenter et renouveler les armements dont nos armées ont besoin ? La mobilisation de notre industrie et la reconstitution de pans entiers de savoir-faire disparus (munitions, porte-avions, etc.) en vue d’une « économie de guerre » relèvent, très largement, d’un effet d’annonce. Malgré la promesse d’augmentation du budget des armées, l’engagement de l’Etat suscite en effet des interrogations. Le Président Macron laisse entendre lui-même que des étalements de programmes, pourtant en cours de livraison, et des décisions difficiles vont être annoncées ! Faute de politique cohérente de l’Etat, le retour des « forces morales », que souhaitait Emmanuel Macron le 14 juillet dernier, est resté lettre morte dans une population de moins en moins avertie des questions de Défense. De même, les effectifs ne suivent pas ! Alors que les militaires étaient 340 000 en 2002 (hors gendarmerie), ils ne sont plus que 200.000. Les armées ont toutes les peines du monde à recruter. Faute de politique cohérente de l’Etat, le retour des « forces morales », que souhaitait Emmanuel Macron le 14 juillet dernier, est resté lettre morte dans une population de moins en moins avertie des questions de Défense. Pas de masse dans la première armée d’Europe, tandis que l’armée russe ambitionne d’atteindre les 1,5 million de combattants. Le retour d’un service militaire et le renforcement des réserves, en vue de reconstituer des ressources mobilisables en cas de conflit, devraient pourtant être la priorité ! Enfin, notre place dans le monde. Tandis que les seules dépenses garanties en France sont les dépenses sociales, dont la croissance moyenne sur la dernière période a été de plus de 4% par an, il est peu probable que ce rythme soit tenu pour les dépenses militaires, ne serait-ce que compte tenu du niveau de l’inflation qu’elles subissent de plein fouet – la Défense est consommatrice d’énergie et de matières premières – mais sur laquelle elles ne sont pas indexées. L’influence de la France dans le monde passe par la crédibilité de son armée. Pendant ce temps, les dépenses militaires s’accroissent dans le monde entier. La France ne fait ni partie des cinq plus grands budgets militaires au monde (Etats-Unis et Russie qui y consacrent autour de 3,5% de leur PIB, Chine, Inde, Royaume-Uni), ni ne témoigne de la plus forte croissance, tandis que l’Allemagne vise progressivement, avec son plan à 100 milliards d’euros, les 2% du PIB. La future loi de programmation militaire devra garantir notre capacité à tenir notre rang et à protéger nos intérêts. L’influence de la France dans le monde est l’un des enjeux de cette loi de programmation, à l’heure où nos armées se voient renvoyées comme des malpropres d’Afrique pays après pays. Aujourd’hui le Burkina Faso, après le Mali et la République de Centre-Afrique. Alors que nos soldats y ont valeureusement et généreusement versé le prix du sang ! L’influence de la France dans le monde passe par la crédibilité de son armée. La loi de programmation militaire doit être à la hauteur de la puissance française pour défendre ses intérêts. Mais sans un budget conséquent sur une trajectoire rectiligne, ce ne sont que vaines promesses, c’est pourquoi nous devons viser un niveau de dépenses approchant 3,5% du PIB. Cet effort nécessite la mobilisation de l’ensemble de la Nation, dans le cadre d’une grande politique de Défense et de sécurité. Car le jour où la France se rendra compte de son état insuffisant de préparation militaire et morale, il sera trop tard.

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27/02/2023

MACRON PREPARE UN NOUVEAU FESSENHEIM AGRICOLE

Marion Marechal VA Alors que le salon de l'agriculture ouvre ses portes à Paris, Marion Maréchal, vice-présidente exécutive de Reconquête !, dénonce le sabordage de ce secteur stratégique de l'économie française organisé par méconnaissance, idéologie et manque de vision Les crises sanitaires, géopolitiques et énergétiques ne nous ont-elles pas servi de leçon ? Manifestement pas. Je comparerais la situation de l’agriculture à celle du nucléaire français : le sabordage organisé par méconnaissance, par idéologie et par manque de vision. Dans une décennie, nous comprendrons que l’autonomie alimentaire n’est pas moins essentielle que l’indépendance énergétique. Sans réaction face à la disparition de cent mille exploitations agricoles entre 2010 et 2020, nous risquons de nous retrouver dans dix ans au chevet d’un secteur primaire vieillissant, dévasté, déprimé, et dont la relance supposera un coût tel que nous serons contraints d’abandonner et de subir une dépendance accrue à l’étranger. Bref, ce sera un Fessenheim agricole : une aberration économique doublée d’une trahison écologique. De deuxième exportateur mondial en 1999, la France a dégringolé à la 5e place en moins de 20 ans. Si l’on en retire les vins et spiritueux, la balance commerciale agricole et agroalimentaire est déficitaire. Et pas qu’un peu : de plus de 6 milliards d’euros en 2021! Nous importons beaucoup plus que nous exportons : 70% des fruits, 30% des légumes, 40% de la volaille et plus de 50% des ovins viennent de l’étranger. L’importation de viande de bœuf a augmenté de 15% sur un an alors que l’élevage français vient de perdre 837 000 vaches en six ans. La dégringolade est spectaculaire, et ce n’est pas fini. La commission de Bruxelles va provoquer une chute de la production agricole européenne d’au moins 13 %, probablement bien plus, par un nouveau cadre réglementaire appelé “Farm to fork”. Dans le pot-pourri de la nouvelle Politique Agricole Commune, derrière les mesures de bon sens qui rééquilibrent les aides en faveur des petites surfaces, il y a aussi le culte de « la protéine végétale » qui pousse les agriculteurs à la spécialisation au détriment de la diversité agricole et du respect des spécificités géographiques et géologiques de nos territoires. Si vous rajoutez à cela la diabolisation du monde agricole par les écolos, la montagne de formulaires que l’administration dépose tous les jours sur le bureau des paysans, et la pression psychologique de contrôleurs issus de l’office français de la biodiversité aux méthodes douteuses, vous comprenez pourquoi nous n’arrivons pas renouveler nos générations d’agriculteurs. Rappelons que la moitié des exploitants a déjà atteint ou atteindra l’âge de la retraite dans la décennie qui vient… En déambulant dans les allées joyeuses du Salon de l’agriculture, gardons en mémoire tous nos paysans qui se sont donnés la mort par désespoir : ils étaient 600 en 2015. Il n’y a pas de nouvelles données, tant le chiffre nous fait peur et nous fait honte. Ce sabordage de l’agriculture française et européenne est criminel alors qu’il faudra augmenter la production agricole mondiale de 50% pour nourrir l’ensemble de population mondiale d’ici 2050. Après avoir laminé notre industrie, notre filière nucléaire, le secteur du médicament, faudra-t-il attendre la crainte d’avoir faim, après la crainte d’avoir froid, pour provoquer une réaction des pouvoirs publics ? « Pas d’interdiction sans solution » « Pas d’interdiction sans solution ». À la veille du salon de l’agriculture, je reprends sous ma plume cette juste revendication que des agriculteurs sont venus récemment porter à Paris. Alors que certains élus de la NUPES revendiquent le droit à la paresse, eux revendiquent celui de travailler. Quand on sait que chaque agriculteur nourrit soixante Français en moyenne, et que ce secteur pèse 1,5% de la population active mais produit le triple en PIB, leur protection devrait être une priorité nationale. Or, les dirigeants français et européens successifs ne cessent de supprimer les outils dont nos agriculteurs ont besoin. Interdiction sans alternative de nombreux produits phytosanitaires, limitation des apports d’eau et d’engrais sans véritable réflexion sur l’évolution des cultures elles-mêmes, retour bureaucratique de la jachère que l’on s’échange, comme les quotas de carbone, sans considérer ni le contexte de la guerre en Ukraine ni la spécificité de chaque terroir… En interdisant, par exemple, les néonicotinoïdes sur les betteraves, sans attendre l’arrivée d’alternatives viables, nous organisons la destruction de cette filière et encourageons mécaniquement l’importation de sucre produit à partir de betteraves traitées de façon beaucoup moins responsable. Une fois la filière disparue et les savoir-faire qui l’accompagnent, un retour en arrière est peu probable. Il faut faire preuve de discernement et remettre la balance coûts/bénéfices au cœur des arbitrages. Le risque réel de la technique utilisée doit être pris en compte, mais les conséquences sur la vie et le revenu de nos agriculteurs, ainsi que sur notre souveraineté alimentaire, doivent l’être également. On ne peut pas interdire un pesticide sans alternative, ou en le remplaçant avec une solution plus polluante, plus chère et moins efficace. Il faut donc stopper de toute urgence certaines réglementations anti-agriculture qui ne se fondent pas sur la science, la raison, et le bon sens. Et cela au niveau français comme au niveau européen. Il faut que les décisions politiques en la matière soient indépendantes d’un lobby “écolo” déconnecté des réalités du terrain. Le même qui a poussé à abandonner nos centrales nucléaires pour des éoliennes dont tout le monde constate aujourd’hui les limites. Quand on sort des raisonnements binaires, on se rend compte qu’il existe des solutions qui conjuguent la productivité et l’amélioration de l’impact environnemental. Oui, l’agriculture a besoin d’évoluer, et cela fait longtemps que les agriculteurs sont en chemin, mais l’innovation prend du temps, et ce temps nous est compté. Défendre l’exception agricole française Commençons par être cohérent. On ne peut pas, dans le même, vilipender l’agriculture “industrielle”, vouloir faire monter en gamme notre alimentation, mieux préserver les écosystèmes et encourager les circuits courts tout en mettant nos paysans en concurrence avec le monde entier. Cette concurrence déloyale qui oblige nos agriculteurs à produire de la nourriture avec des exigences françaises, mais à un prix européen, voire mondial, qui ne valorise en rien la qualité de nos produits et favorise l’importation d’aliments gavés de produits nocifs. Si nous voulons concilier tous ces impératifs, productivité, rentabilité, respect de l’environnement et de l’animal, alors il faut protéger ce marché stratégique et rétablir une justice commerciale par l’application de la réciprocité. Nous en sommes loin, alors que la signature de l’accord de libre-échange avec les pays du Mercosur arrive à grands pas. L’agriculture est un secteur stratégique. À ce titre, le gouvernement français devrait se battre auprès de la commission de Bruxelles pour défendre l’exception agricole française et obtenir les dérogations nécessaires. Incapable de porter ce combat, le gouvernement préfère distribuer des aides, mais les agriculteurs ne sont pas des mendiants. Ils veulent un État qui protège et facilite, pas un État qui leur fait l’aumône. Plutôt que des aides à l’hectare, mieux vaudrait accorder des prêts garantis et à taux zéro à ceux qui héritent, investissent ou changent de modèle. Mieux vaudrait rémunérer les éleveurs pour leur contribution à l’aménagement et à la sauvegarde de nos paysages. Mieux vaudrait financer la formation de nos paysans aux nouvelles technologies qui permettent de diminuer fortement les phytosanitaires sans perte de rendements. Il faut investir dans la robotisation au sein du maraîchage et de l’arboriculture pour permettre de compenser efficacement l’augmentation des charges et, plus encore, la pénurie de main-d’œuvre. Devant la bétonisation atroce de notre pays, la solution est de valoriser nos terres agricoles (50% du territoire) pour qu’un paysan ait davantage envie d’y installer des serres ou des bêtes plutôt qu’un parking d’hypermarché qui ne vendra même pas ses produits… Le niveau bas des fermages et le prix dérisoire des terres agricoles est un handicap pour nos paysans. Face aux variations climatiques, nous devons miser sur la recherche. Il ne faut pas fermer la porte par principe à la recherche de nouvelles technologies telles que les nouvelles techniques d’édition du génome. Porter une grande vision agricole, c’est sortir d’une approche caricaturale qui consisterait à enfermer la France dans un modèle hyper productiviste ou au contraire à la transformer en jardin bio. C’est accepter que la France dispose de différents types d’exploitations qui méritent des solutions adaptées: une agriculture bio très qualitative, propre mais plus chère et peu productive, puis, pour l’essentiel, une agriculture de proximité, peu massifiée, adaptée au terroir et aux circuits courts (cantines scolaires) jouant un grand rôle dans l’aménagement des territoires et la beauté des paysages , et enfin, le reste en agriculture de pointe, fortement soutenue par les nouvelles technologies qui doivent la rendre plus respectueuse de l’environnement et performante pour la production de masse et les marchés internationaux. Les paysans, sentinelles de l’environnement Enfin, même si la faim dans le monde relève de causes multiples et complexes, je veux rappeler qu’à l’heure où nous parlons, plus de 800 millions de personnes souffrent de la faim sur notre planète. Les tensions pour accéder à l’eau et la nourriture vont s’aggraver dans les années à venir avec l’explosion de la démographie mondiale. Est-ce que nos apprentis sorciers de l’écologie ont déjà expérimenté, ne serait-ce qu’une journée, ce que cela signifie d’avoir faim ? Oui, la situation environnementale est angoissante, oui le niveau des nappes phréatiques est préoccupant, mais les sentinelles face à ces périls, ce sont les paysans. Qui pourrait les soupçonner de méconnaître ces évolutions ? Bien sûr que l’exigence écologique appelle des contraintes, mais celles-ci doivent économiquement viables, porteuses d’espoir et de succès. Le paysan c’est celui qui ne quitte pas la terre qu’il cultive, car il l’aime et la fait vivre : faisons-lui confiance pour comprendre et protéger la nature plus efficacement que les technos de Bruxelles ou une adolescente suédoise apocalyptique.

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